samedi 20 janvier 2007

Nord-Kivu: Les résultats des urnes corrigés par les armes


A Sake, Jomba, Bunagana, Runyoni, et dans d’autres localités du Nord-Kivu où les populations viennent de vivre un cauchemar de près de deux mois, les armes viennent de se taire momentanément. Plusieurs sources indiquent en effet que les négociations voulues et obtenues par le dissident Nkunda, arbitrées par l’Afrique du Sud et son parrain Kagame, appelé parfois aussi KAGOME, viennent d’aboutir à des accords de mixage des troupes et donc de suspension du calvaire des populations prises en otage. Les contreparties acceptées par le président Kabila ne sont toutefois pas énumérées.

Dans ce flou artistique du " je t’aime moins non plus ", les observateurs avisés notent que la toute jeune assemblée provinciale du Nord-Kivu vient d’élire un Tutsi en qualité de sénateur au niveau national. Il s’agit de Mwanga Chuchu, un membre très influent du leadership tutsi à Goma. C’est donc un des quatre heureux élus de la province. Coïncidence ou pas, l’assemblée provinciale de Kinshasa vient d’élire aussi un Tutsi en qualité de sénateur. En effet, c’est Moïse Nyarugabo, actuel ministre du gouvernement de transition qui vient d’être élu, avec 7 autres sénateurs, pour aller représenter dans la haute assemblée, cette mégapole de plus de 8 millions d’habitants. Curieux quand même que dans un pays où 1 seul tutsi a réussi à se faire élire député par la population, on retrouve 2 élus tutsi lorsque les élections sont un arrangement entre les notables et les partis. Ou plus exactement un arrangement entre Kabila, Kagame et l’Afrique du Sud. Bien entendu, quand il s’agira des nominations, on ne peut que s’attendre à une amplification de la correction des urnes. Au moment où ces lignes sont écrites, Gizenga n’a toujours pas annoncé la nomination de son gouvernement, reportée de jour en jour depuis une dizaine de jours. On peut penser qu’il ne s’agit pas d’un hasard si les ministres ne sont pas encore nommés. Il ne serait pas étonnant d’apprendre que le premier ministre congolais attend de savoir quels tutsi et surtout combien il doit intégrer dans le dit gouvernement. Il s'agit, en l'occurence, d'une manière de corriger le suffrage populaire par la volonté dictée par les armes.

Si cela pouvait calmer les appétits et épargner des souffrances inutiles à la population, tout congolais aimant son pays devrait applaudir. Après tout, pourquoi faudrait-il écarter les tutsi congolais de l’exercice du pouvoir. Mais les mêmes observateurs font remarquer que, comme par hasard, les hutu ont vu leur représentation dans l’assemblée provinciale amputée de deux chefs coutumiers. Il s’agit des petits fils de deux bami notoirement connus, Ndeze Rugabo Daniel et Kahembe Bugunda. On a contesté la qualité de chef coutumier à leurs petits fils lors de la procédure de cooptation. Il faut une outrecuidance énorme pour douter ou, pire, contester leur légitimité, ou alors être étranger au pays et ignorer complètement son histoire. Mais il est possible aussi, et même fortement probable qu’il existe un complot visant à faire représenter les hutu par les tutsi comme à l’époque de Mobutu.

Après les élections serait donc égal à avant les éléections, malgré la promesse de Kabila de mettre fin à la recréation. La dictature mobutienne a été remplacée par le chaos, et le chaos est entrain d’être remplacé par la démocrature or qu’on nous avait promis la démocratie. Sous prétexte d’établir la concorde, on continue à récompenser les seigneurs de guerre. Et au Nord-Kivu, ce sont les hutu qui continuent à trinquer.

2 commentaires:

Fansaka a dit…

C'est une analyse pertinente que je partage. En effet, il est incompréhensible dans la logique normale qui a sous-tendu les élections (logique ethnique)que Nyarugabo se retrouve sénateur à Kinshasa. Il a compris qu'en se présentant dans sa province d'origine (sud-kivu) il récolterait un fiasco et qu'il ne pouvait pas corrompre les élus provinciaux de cette province qui ont encore en mémoire les crimes et toutes sortes d'atrocités que Nyarugabo et son mouvement armé ont infligés à la population. Hélas, pour l'argent les élus de kinshasa ont trahi la population kinoise et congolaise. C'est une honte pour notre démocratie qui commence mal. Ces Tutsi qui se battaient soi disant pour la démocratie ont désenchanté au lendemain des élections et ont activé le pillon mis en veilleuse (Nkunda)pour révendiquer comme c'est leur habitude des postes avec des armes. Ils se trompent car le peuple n'oublie pas tous les crimes commis.
Je remercie votre blog qui contribue à ouvrir le bon oeil des congolais souvent en mal d'informations et d'analyses véritables

Unknown a dit…

La démocratie vient de mal commencer en RDC. Avant c'est par le force des armes et sur la marche des caavres que les Tutsi accédaient au pouvoir, actuellement ne pouvant plus le faire c'est par la corruption qu'ils obtiennent des postes. La corruption constitue une autre arme. Il n'est pas compréhensible que Nyarugabo, Tutsi du sud-kivu n'aille pas chercher le mandat de sénateur chez lui pour défendre les intérêts de ses frères nyamulenge mais le fait à kinshasa. C'est dommage que les kinois sont trahis par leurs députés. Nkunda était une carte que ces Tutsi avaient mis en réserve car ils savaient que par la voie des urnes ils n'allaient pas réussir. Un tutsi au Nord-Kivu ne se comprend pas car en terme des nombres des populations, ce sont les hutu qui, d'après ce que nous savons, devaient venir avec les nande. Il y a aussi angouille sous roche et le peuple doit dénoncer ce type de comportement de la part des élus locaux qui ne respectent plus sa volonté.