mardi 19 décembre 2006

Le cynisme du dissident NKUNDA

Le sieur Nkunda continue à se glorifier de ses conquêtes. De quelles conquêtes s'agit-il? De la terrorisation des paisibles paysans de Jomba, Bunagana, Tshengerero, et autres localités frontalières du Rwanda et de l'Uganda.
Personne n'est dupe: s'il se réfugie aux frontières, c'est pour s'assurer d'un approvisionnement régulier en armes et munitions et pour inciter le Congo à le poursuivre dans ses lieux de retraite tactique, c'est-à-dire au Rwanda et en Uganda. En clair, il veut donner un prétexte facile à Kagame et Museveni d'intervenir ostensiblement au lieu de le faire de manière plus ou moins camouflée.
Et naturellement, ce dissident crie haut et fort qu'il ne demande qu'à négocier. Pour ce faire, il mobilise comme il peut. Un jour il mobilise les prétendus notables hutu et tutsi de Goma pour leur faire lancer un appel à la négociation. Le lendemain, il mobilise les représentants, à Goma, de certains partis pour leur faire lancer le même appel. Mais que faudrait-il négocier au juste?
Dans le mémorandum de son mouvement militaire, il demande à ce que le nouveau Parlement pénalise l'exclusion, le tribalisme, le racisme, la xénophobie et l'atteinte à la cohabitation pacifique entre les ethnies. Il ne se trouve pas un seul congolais qui ne souscrit pas à cette exigence. Mais il faut être de mauvaise foi pour prendre les armes avant même que ce nouveau parlement ne soit installé.
Il demande ensuite que des accords tripartites soient signés pour le retour des réfugiés congolais des pays voisins. On peut supposer que les trois parties concernées sont le Rwanda, le Congo et le Burundi. Il est étonnant que Nkunda n'évoque pas le retour des réfugiés rwandais et burundais dans leur pays respectifs. Dans un cas, il s'agirait de ramener au Congo les tutsis réfugiés à l'extérieur. Cette revendication est légitime. Dans l'autre cas, le Congo devrait-il s'engager à installer chez lui les hutu que le régime rwandais ne veut plus sentir? Ce dissident n'en dit rien.
Nkunda réalise-t-il qu'en poursuivant sa lutté armée, vouée de toute façon à l'échec, il rend le retour au pays des congolais tutsi de plus en plus problématique. En effet, la population martyrisée depuis de nombreuses années assimile de plus en plus tous les tutsi aux combattants de Nkunda. La première condition de cohabitation pacifique entre les ethnies et l'abandon de la lutte armée par Nkunda. Il sait que sans cet abandon, aucun accord, même signé, ne pourra jamais être appliqué.
Nkunda demande ensuite qu'une commission d'enquête indépendante établisse les responsabilités dans les actes de "génocide" commis à l'école des Officiers de Kamina au Katanga, à Kinshasa et Kisangani en 1998 et à Bukavu ainsi qu'à Gatumba. Pour un individu qui prétend prêcher contre la non exclusion, il est tout de même curieux que ses exigences ne porte que sur les faits concernant les tutsi. Les massacres dont les tutsi se rendent coupables depuis 1966 devraient, selon lui, être passés à pertes et profits. Cela est tout simplement non négociable. Même son parrain Kagame qui a longtemps cru pouvoir enterrer le génocide des hutu commence à être rattrapé. Pas seulement par la France. L'Espagne s'y met aussi et d'autres pays suivront, dont j'espère le Congo où Kagame et ses alliés ont causé la mort de plus de trois millions de personnes. C'est vrai que Nkunda était parmi ses acolytes locaux.
Toutes les autres exigences contenues dans ce mémorandum respectent la même logique (on devrait dire illogisme); celle de contenir des contradictions internes, donc irréalisables. Quand Nkunda demande des choses irréalisables, c'est justement pour rendre toute négociation impossible. A moins que les choses à négocier ne se trouvent pas dans ce mémorandum.
Nkunda, assez de sang, dépose tes armes pour la tranquilité de nos pauvres paysans.

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