vendredi 1 décembre 2006

Que va faire Kabila au Nord-Kivu ?


Monsieur le Président,
Vous vous honorez, enfin, en rendant visite à la population martyrisée du Nord-Kivu, spécialement à celle de Sake. Cette population, prise en otage depuis plusieurs mois par Nkunda, vous a élu parce que elle a cru en votre message de pacificateur. Cette population, et plus particulièrement les bahutu du Nord-Kivu, attend que vous mettiez tout en oeuvre pour honorer votre promesse le plus rapidement possible, et ce quel qu’en soit le prix. Car en effet, aucun prix ne vaut le sang des innocents.
Si les bahutu du Nord-Kivu se singularisent, c’est parce que ils en ont assez :

Assez d’être confondus avec les ennemis de la paix et de la cohabitation harmonieuse qui essaient de forger une nouvelle ethnie rwandophone ;
Assez de voir ses jeunes désoeuvrés répondre aux sirènes de Nkunda. Même si Nkunda recrute dans toutes les ethnies, il est particulièrement odieux d’imaginer qu’un jeune hutu puisse combattre dans ses rangs ;
Assez de se faire traiter d’Interahamwe par les confusionnistes qui, à la moindre occasion, recourent à la technique de victimisation.
Vous rencontrerez certainement la barzza intercommunautaire qui s’est rendue à Masisi ce jeudi 30 novembre pour tenir langue avec NKUNDA. Sans doute aussi que vous avez des contacts très poussés avec les parrains de Nkunda. Aux uns et autres, il faut faire comprendre que Nkunda ne peut pas prétendre lutter pour la libération du peuple tout en le maintenant en otage. Il faut faire comprendre que Nkunda ne peut pas réclamer une chose et son contraire.

Nkunda, comme tout autre citoyen a le droit de réclamer la protection nationale de tout individu, mais pas une protection uniquement pour les seuls tutsis. Nkunda ne peut pas réclamer une enquête devant établir les responsabilités dans les tueries à l’école des officiers de Kamina, à Kinshasa et Kisangani en 1998, à Bukavu, Bushaku et Gatumba, plus récemment, et éluder en même temps les massacres perpétrés par les siens en 1996, notamment sur les populations hutu de Jomba, Rutshuru, Bunagana, Busanza, etc…

Nkunda ne peut pas réclamer une amnistie qui doit s’appliquer de manière impersonnelle ainsi que l’annulation des mandats d’arrêt internationaux, mais exiger que cette amnistie exclue ceux qui auraient été mêlés à des tueries des tutsi.

Nkunda a parfaitement raison de vous exiger l’éradication de toute présence sur le territoire national des groupes armés étrangers et de condamner quelconque les recrute à son service. Ceux-ci comprennent, je suppose, les éléments de l’armée rwandaise qui le soutiennent, pour ne pas dire le Rwanda officiel. Ils comprennent aussi les dénommés interahamwe et autres FDLR que le RCD et le Rwanda étaient censés chasser du territoire congolais depuis 1998 ! ! !. Le simple citoyen se pose la question de savoir qui instrumentalise ces interahamwe et autres FDLR.

Oui pour une politique de concorde nationale. Oui pour une loi d’amnistie, compréhensible après tant d’années de guerre. Mais non pour la déformation de la vérité. Non pour l’amnistie des actes de barbarie. Non pour la protection continuelle de Nkunda. Le peuple est fatigué.

Aucun commentaire: